Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/109

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Le soir suivant, le comte rencontra par hasard Emilie dans une des allées du jardin. Ils parlèrent de la fête, et vinrent à nommer Valancourt. — Le jeune homme a des talens, dit le comte ; vous le connoissiez depuis long-temps ? Emilie dit que cela étoit vrai. — On me le présenta à Paris, dit le comte, et j’en fus d’abord très-content. Il s’arrêta ; Emilie trembloit, desiroit d’en apprendre davantage, et craignoit de montrer au comte l’intérêt qu’elle y pouvoit prendre. — Puis-je vous demander, dit-il enfin, combien il y a que vous connoissez monsieur Valancourt ? — Puis-je, monsieur, vous demander le motif de cette question, dit-elle, et j’y répondrai aussitôt ? — Sûrement, dit le comte, cela est juste ; je vous dirai mes motifs. Il est bien évident que M. Valancourt vous aime, et cela n’est pas extraordinaire, tout ce qui vous voit en fait autant ; je ne vous dis pas cela comme un compliment, je parle avec sincérité : ce que je crains, c’est qu’il ne soit amant écouté et préféré. — Pourquoi le craignez-vous, monsieur, dit Emilie en tâchant de cacher son émotion ? — Parce que, dit le comte, je ne pense pas qu’il en soit digne. Emilie agitée le pria de s’expliquer mieux — Je le ferai, répondit-il, si