Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/116

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soit la parole d’une voix tremblante. Au son de cette voix si connue, Emilie rouvrit les yeux ; mais à l’instant elle les referma, et perdit encore connoissance.

Le comte, avec un regard sévère, fit signe à Valancourt de se retirer. Celui-ci ne fit que soupirer et nommer Emilie ; il lui présentoit l’eau qu’on avoit apportée. Le comte répéta son geste, et l’accompagna de quelques paroles ; Valancourt répondit par un regard plein d’un profond ressentiment ; il refusa de quitter la place jusqu’à ce qu’Emilie fût remise, et ne permit plus que personne s’approchât : mais à l’instant sa conscience parut l’informer de ce qui avoit fait le sujet de l’entretien du comte et d’Emilie ; l’indignation enflamma ses yeux ; l’expression d’une profonde douleur la réprima bientôt ; et le comte, en le remarquant, sentit plus de pitié que de colère. Emilie, qui avoit repris ses sens, en fut tellement touchée, qu’elle se mit à pleurer amèrement : elle tâcha de retenir ses larmes ; et rassemblant son courage, elle remercia le comte et Henri, avec qui Valancourt étoit entré dans le parc, et elle reprit le chemin du château sans rien dire à Valancourt. Frappé jusqu’au fond du cœur par cette conduite, il s’écria d’une voix étouffée : —