Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/117

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Grand dieu ! comment ai-je mérité ce traitement ? qu’a-t-on dit pour vous changer de la sorte ?

Emilie, sans répondre, mais toujours plus émue, doubla le pas. — Qui vous a mise en cet état, Emilie ? lui dit-il en avançant à côté d’elle : accordez-moi un moment d’entretien, je vous, en conjure : je suis bien malheureux !

Quoique ces paroles fussent dites à voix basse, le comte les entendit, et répliqua que mademoiselle Saint-Aubert se trouvoit trop indisposée pour entretenir personne ; mais qu’il osoit assurer qu’elle verroit M. Valancourt le lendemain, si elle se trouvoit mieux.

Valancourt rougit, regarda le comte avec fierté, puis Emilie avec une expression de surprise, de douleur et de supplication : elle ne put s’y méprendre ni résister ; elle dit languissamment : — Je serai mieux demain ; si vous voulez profiter de la permission du comte, je vous verrai.

— Me voir ! s’écria Valancourt, en jetant sur le comte un coup-d’œil plein d’orgueil et de colère ; mais se recueillant il ajouta : Je viendrai, mademoiselle ; je profiterai de la permission du comte.

En arrivant aux portes du château, il s’arrêta un moment ; son ressentiment ne l’oc-