Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/123

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S’étant enfin remise, elle entra dans le cabinet, et trouva Valancourt assis avec le comte. Ils se levèrent tous deux. Elle n’osoit regarder Valancourt. Le comte se retira.

Emilie restoit les yeux baissés, ne pouvant parler, et respirant à peine. Valancourt se jeta sur une chaise auprès d’elle ; il soupiroit et gardoit le silence. Enfin, d’une voix tremblante, il lui dit : J’ai désiré vous voir ce soir pour sortir au moins de l’horrible incertitude où m’a plongé votre changement. Quelques paroles du comte viennent de m’en éclaircir une partie. Je m’apperçois que j’ai des ennemis, Emilie, des ennemis envieux de mon bonheur, et qui sont acharnés à le détruire. Je m’apperçois aussi que le temps et l’absence ont affaibli vos sentimens pour moi.

Ces derniers mots expirèrent sur ses lèvres. Emilie ne put répondre.

— Quelle rencontre que la nôtre, s’écria Valancourt en s’élançant de son siège et parcourant l’appartement ! quelle rencontre, après une longue, une si longue séparation ! Il reprit sa chaise, et, d’un ton ferme, il ajouta : Cruelle Emilie, ne me parlerez-vous point ?