Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/143

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dame. Elle s’en affligea beaucoup, mais sans jamais se plaindre. Dans ces momens, elle étoit toute charmante pour se remettre en bonne humeur. Mon cœur saignoit de voir cela. Mais il étoit si sauvage, il lui répondoit si durement, qu’elle s’enfuyoit dans sa chambre en pleurant. Je l’écoutois dans l’antichambre. Pauvre chère dame ! Mais rarement j’osois m’approcher. Quelquefois je pensois que monsieur étoit jaloux. Ma maîtresse étoit admirée de bien du monde ; mais elle étoit trop honnête pour mériter le moindre soupçon. Parmi les chevaliers qui visitaient le château, il y en avoit un que je pensois toujours qui étoit fait pour madame. Il étoit si poli, si spirituel ; il y avoit tant de grâce dans ses actions, dans ses discours. J’ai toujours observé que lorsqu’il étoit là, M. le marquis étoit toujours plus mécontent, et madame plus pensive. Il me vint dans la tête que c’étoit celui-là même qu’elle devoit épouser ; mais jamais je n’en ai été bien sûre.

— Quel étoit le nom de ce chevalier ? Dorothée, lui dit Emilie.

— Je ne puis vous le dire, mademoiselle ; cela auroit trop d’inconvéniens. Une personne qui est morte depuis, m’a assuré que la marquise n’étoit pas en bonne règle la