Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lorsque je revins, j’osai dire à monsieur d’envoyer chercher un médecin, imaginant que la douleur l’empêchoit d’y penser ; madame dit qu’il étoit trop tard : monsieur, bien loin de la croire, sembloit regarder sa maladie comme légère. Elle eut une affreuse convulsion : je n’oublierai jamais ses cris. Monsieur fit partir un homme à cheval pour chercher un médecin, et parcourut tout le château dans l’égarement de la douleur. Je restois près de madame, et j’essayois de la soulager. Elle avoit des intervalles ; et pendant un de ces momens, elle envoya encore chercher monsieur : il vint ; j’allois me retirer ; elle désira que je ne m’écartasse pas. Oh ! je n’oublierai jamais la scène qui se passa ; à peine si maintenant je puis y penser. Monsieur perdoit presque la raison. Madame y mettoit tant de bonté, prenoit tant de peines pour le consoler, que si jamais il avoit eu quelques soupçons, ils devoient être dissipés. Il sembloit accablé au souvenir de ses mauvais traitemens. Elle en fut si touchée, qu’elle s’évanouit.

Nous fîmes sortir monsieur ; il courut dans son cabinet, se jeta par terre, et ne voulut rien entendre. Quand madame fut remise, elle demanda de ses nouvelles ; mais