Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/151

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les vassaux suivirent les funérailles ; tous fondoient en larmes, car elle étoit très-bienfaisante. Quant à M. le marquis, jamais je ne vis une mélancolie comme la sienne ; quelquefois c’étoient des accès de violence où il perdoit le sentiment. Il ne demeura pas long-temps au château ; il partit pour son régiment. Peu-après tous les domestiques reçurent leur congé, sauf mon mari et moi, parce que notre maître étoit parti pour la guerre. Je ne l’ai pas revu depuis ; il n’a jamais, voulu revenir à ce château, quoique ce soit un si beau lieu, et jamais n’a voulu finir ce beau bâtiment au couchant qu’il avoit fait construire, et qui est toujours testé fermé jusqu’à l’arrivée de M. le comte.

— La mort de la marquise paroît extraordinaire, dit Emilie, qui desiroit en savoir plus qu’elle n’osoit en demander.

— Oui, mademoiselle, dit Dorothée, elle fut extraordinaire. Je vous dis tout ce que j’ai vu ; vous pouvez deviner ce que je pense ; je ne puis vous en dire davantage, et je ne veux pas semer des bruits qui pourroient offenser M. le comte.

— Vous avez bien raison, dit Emilie. Où le marquis est-il mort ? — Dans le nord de la France, à ce que je crois, mademoiselle,