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elles sortirent toutes deux. Dorothée marchoit devant, et portoit une lampe ; mais sa main, affaiblie par la crainte et la vieillesse, trembloit si fort, qu’Emilie prit elle-même la lampe, et offrit son bras à Dorothée pour soutenir ses pas chancelans.

Il falloit descendre le grand escalier, traverser une grande partie du château, et en remonter un autre qui conduisoit à l’appartement en question. Elles marchèrent avec précaution dans le corridor autour de la grande salle : c’étoit là que donnoient les appartemens du comte, de la comtesse et de Blanche. Elles traversèrent ensuite le vestibule ; elles trouvèrent le commun des domestiques, où les tisons fumoient encore, et où les chaises, encore disposées autour de la table du souper, obstruoient le passage. Elles se trouvèrent enfin au pied de l’escalier qu’elles cherchoient. Dorothée s’arrêta, et regarda autour d’elle. Écoutons bien, dit-elle, si nous n’entendons rien. Mademoiselle, entendez-vous quelque voix ? — Aucune, dit Emilie ; personne, sans doute, excepté nous, ne veille à présent dans le château. — Non, mademoiselle, dit Dorothée ; mais je ne suis jamais venue ici à pareille heure, et d’après ce que je sais, mes craintes n’ont rien d’éton-