Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/158

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— Comme la vue de cet appartement rappelle à mon esprit les images du temps passé ! il semble que ce soit hier.

— Chut ! quel bruit est-ce-là ? dit Emilie.

— Dorothée tressaillit, parcourut la chambre des yeux ; elles écoutèrent ; tout parut tranquille. La vieille femme reprit le sujet de sa tristesse. — Ce salon, mademoiselle, étoit, du temps de madame, la plus belle pièce du château. Elle étoit meublée de son goût ; vous ne pouvez voir cette tapisserie ; la poussière la couvre, et notre lumière n’est pas brillante. Ah ! comme j’ai vu tout ceci éclairé du temps de madame ! Tout ce meuble venoit de Paris : on l’avoit fait faire pareil à ceux du Louvre ; ces grandes glaces venoient des pays étrangers, ainsi que la tenture. Comme les couleurs se sont fanées, depuis que je ne les ai vues !

— On m’a dit qu’il y avoit vingt ans, dit Emilie.

— Environ, mademoiselle, dit Dorothée : je me souviens de cette époque, et l’intervalle ne me semble rien. — On admiroit cette tapisserie ; elle représente une histoire tout entière que l’on trouve dans un livre : mais j’en ai oublié le nom.