Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/175

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falloit prendre, et toute tremblante elle attendit l’événement : les sons s’approchèrent pendant quelque temps, puis ils cessèrent. Emilie écoutoit, regardoit, et ne pouvoit faire aucun mouvement. Tout-à-coup elle vit une figure sortir des bois, et passer fort près d’elle. La figure passa vite, et l’émotion d’Emilie fut si grande, qu’en la voyant elle ne distingua presque rien.

Elle s’éloigna enfin, bien résolue de ne plus revenir seule en ce lieu, et si tard. En retournant au château, elle entendit plusieurs voix qui l’appeloient ; c’étoient les gens du comte qui la cherchoient. Quand elle entra dans le salon, le comte s’y trouvoit avec Henri et Blanche. Ses reproches ne s’exprimèrent que par un regard, et Emilie rougit de l’avoir mérité.

Ce léger événement avoit produit une impression profonde sur son esprit. Retirée chez elle, il lui rappela si bien l’autre circonstance effrayante dont tout récemment elle avoit été témoin, qu’à peine elle se sentit le courage de rester seule. Elle veilla fort long-temps ; aucun bruit ne renouvela ses craintes, et elle chercha à goûter un peu de repos. Il fut court ; un bruit affreux et singulier sembla s’élever du corridor ; des gémissemens se firent entendre distinc-