Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/20

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cèrent à descendre dans la vallée de l’Arno. Emilie contempla tous les charmes d’un paysage pastoral et agreste, unis au luxe des maisons qu’y possédoient les nobles de Florence, et aux richesses d’une culture variée. De loin, vers l’orient, Emilie découvrit Florence ; ses tours s’élevoient sur le plus brillant horizon. Sa plaine fertile alloit joindre les Apennins. Des palais, des jardins magnifiques la décoroient de tous côtés. Des bosquets d’orangers, de citronniers, de vignes et d’arbres fruitiers, des plantations d’oliviers et de mûriers, la coupoient en tout sens. À l’occident, cette belle plaine se terminoit à la mer. La côte étoit si éloignée, qu’une ligne bleuâtre l’indiquoit seule à l’horizon, et une légère vapeur de marine se distinguoit au-dessus dans l’atmosphère.

Emilie, du fond de son cœur, salua les vagues qui alloient la reporter dans sa patrie. Le souvenir de cette patrie lui coûtoit pourtant un soupir ; elle n’avoit point de maison pour l’y recevoir, point de parens pour la féliciter. Pèlerine affligée, elle alloit répandre des larmes sur le tombeau de son père. Elle ne se réjouissoit pas non plus en songeant au long intervalle qui pourroit s’écouler avant qu’elle revît Valancourt.