Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/21

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Peut-être seroit-il retenu à son corps, dans une province très-éloignée. Mais quand ils se rencontreroient, ce seroit seulement pour déplorer l’heureuse scélératesse de Montoni. Cependant elle auroit encore senti un plaisir inexprimable à se retrouver dans le pays qu’habitoit Valancourt, quand même elle eût été certaine de ne pas l’y voir.

La chaleur étoit excessive. Il étoit midi. Les voyageurs cherchèrent une retraite pour se reposer à l’ombre. Les bocages qu’ils parcouroient, remplis de raisins sauvages, de framboises et de figues, leur promettoient un rafraîchissement agréable. Ils s’arrêtèrent sous un berceau dont le feuillage épais affoiblissoit l’ardeur du soleil. Une fontaine qui jaillissoit du roc donnoit à l’air quelque fraîcheur. On laissa paître les chevaux. Annette avec Ludovico allèrent cueillir des fruits, et en apportèrent abondamment. Les voyageurs s’assirent à l’ombre d’un bosquet de sapins et de hêtres. La pelouse autour d’eux étoit émaillée de tant de fleurs parfumées, que, même au sein des Pyrénées, Emilie en avoit moins vu. Ils y prirent leur frugal repas ; et sous l’ombrage impénétrable de ces gigantesques sapins, ils contemploient le paysage qui,