Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/28

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et je m’apperçois que vous n’y croyez pas.

— J’en doutois, répliqua Dupont, avant l’époque dont je vous parle ; mais le récit de Montoni aggrava mes soupçons. Je demeurai presque persuadé qu’il était un assassin. Je tremblai pour vous. J’avois entendu les convives prononcer votre nom d’une manière inquiétante ; et sachant que les plus impies des hommes sont aussi les plus superstitieux, je me décidai à épouvanter leur conscience, et à les détourner du crime que je redoutois. J’écoutai attentivement Montoni, et dans les plus frappans détails de son histoire, je joignis ma voix à la sienne, et répétai ses derniers mots, en déguisant et renforçant mes tons.

— N’aviez-vous pas peur d’être découvert ? dit Emilie.

— Non, reprit Dupont ; je savois que si Montoni avoit connu le secret du couloir, il ne m’auroit pas enfermé dans l’appartement où il conduisoit. Mais j’étois d’ailleurs assuré qu’il ne le connoissoit pas. La compagnie, pendant quelques momens, ne fit pas attention à ma voix. À la fin cependant, l’alarme fut si grande, que tous prirent le parti de déserter l’appartement. Montoni ordonna aux domestiques de faire des re-