Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/30

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éviter le chagrin d’entendre parler de son rival.

Ils continuèrent leur entretien jusqu’au moment où le soleil commença à baisser : Dupont éveilla Ludovico, et ils se remirent tous en route. Ils descendirent jusqu’au fond de la vallée, se trouvèrent au bord de l’Arno, et côtoyèrent ses rives, ravis des sites qui les environnoient, et sensibles aux souvenirs que rappeloient ces ondes poétiques. De loin, ils entendirent les chants joyeux des paysans dispersés dans les vignes ; le soleil à son coucher teignoit les vagues d’un jaune d’or, et le crépuscule tirant un voile pourpré sur les montagnes, les enveloppa enfin dans les ténèbres ; la mouche luisante couvrit de ses paillettes le feuillage des bosquets.

Les voyageurs traversèrent l’Arno au clair de la lune, dans un bac. Apprenant que la ville de Pise n’étoit située qu’à quelques milles sur ses bords, ils auroient désiré qu’un bateau les y conduisît ; il ne s’en trouvoit pas, et ils reprirent leurs chevaux harassés, à l’effet de gagner cette ville. À mesure qu’ils approchoient, la vallée s’élargissoit, et devenoit une plaine couverte de bleds, parsemée de vignobles, d’oliviers et de mûriers. Il étoit tard avant qu’ils fus-