Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes ; il donnoit un triste soupir aux délices de la capitale, et au souvenir d’une dame qu’il aimoit, du moins le croyoit-il, et il est sûr que son imagination en étoit occupée ; mais le pays, un genre de vie différent, avoient pour lui les charmes de la nouveauté, et ses regrets étoient mélangés des riantes illusions de la jeunesse. Les portes s’ouvrirent à la fin ; la voiture avança lentement sous de grands châtaigniers, qui achevoient d’obscurcir le jour. On suivoit une ancienne avenue, que de grandes herbes et d’autres plantes rendoient alors presque impraticable, et qu’on ne distinguoit plus qu’à l’éloignement des arbres. Cette avenue avoit un quart de lieue de long : c’étoit celle où Saint-Aubert et Emilie s’étoient engagés une fois en arrivant dans le voisinage, par l’espoir de trouver un asyle. La solitude de ce lieu, et une figure que, le postillon avoit prise pour un voleur, leur avoient fait tout-à-coup rebrousser chemin.

Quelle déplaisante habitation, s’écria la comtesse, à mesure que la voiture avançoit au milieu des bois ! Sûrement, monsieur, vous ne comptez pas rester l’automne entier dans cette barbare solitude ? Il y faudroit porter une coupe d’eau du Léthé,