Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/41

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celle de presque tous les couvens, étoit remplie d’anciennes chroniques.

Les voitures s’arrêtèrent à une porte qui conduisoit à l’enceinte du château, et qui alors étoit fermée. La grosse cloche qui devoit servir à annoncer les étrangers, étoit depuis long-temps tombée de sa place ; un domestique monta sur un mur ruiné, pour avertir les gens du château que leur maître arrivoit.

Blanche, appuyée à la portière, s’abandonnoit aux douces et charmantes émotions que l’heure et le lieu lui causoient. Le soleil avoit quitté les cieux ; le crépuscule brunissoit les montagnes ; les flots très-éloignés, réfléchissant encore les nuances ternes de l’occident, sembloient comme une trace de lumière qui bordoit l’horizon. On entendoit le bruit monotone des vagues qui venoient se briser sur le rivage. Chaque personne de la compagnie rêvoit aux objets dont elle étoit occupée. La comtesse regrettoit les plaisirs de Paris, voyoit avec dégoût ce qu’elle appeloit de tristes bois et une solitude sauvage ; et frappée de l’idée qu’elle seroit séquestrée dans ce vieux château, elle étoit disposée à ne rien voir qu’avec mécontentement. Les sentimens de Henri étoient à peu de chose près les mê-