Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le bavardage de cette rustique concierge ; l’entrée du comte l’en délivra. Il dit qu’il avoit vu une partie du château, et qu’il falloit de grandes réparations et des changemens avant qu’on pût l’habiter. — J’en suis fâchée, monsieur, dit la comtesse. — Pourquoi, madame ? — C’est que ce lieu répondra mal à tant de soin ; et même un paradis ne seroit pas supportable à une pareille distance de Paris.

Le comte ne répliqua point, et il se tourna brusquement vers une fenêtre. — Il y a des fenêtres, monsieur, mais elles ne donnent ni plaisir ni clarté ; elles ne laissent voir qu’une nature sauvage.

— Je ne conçois pas, madame, dit le comte, ce que vous entendez par une nature sauvage. Ces plaines, ces bois, cette immensité d’eau ne méritent pas cette épithète.

— Ces montagnes la méritent sûrement, dit la comtesse en lui montrant les Pyrénées. Ce château, il est vrai, n’est pas l’ouvrage de la nature, mais bien, à mon avis, celui d’un art grossier. Le comte rougit. — Cet édifice, madame, fut bâti par mes ancêtres, dit-il ; permettez-moi de vous observer que votre conversation n’annonce en ce moment ni goût ni politesse. Blanche,