Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/50

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peut voir et l’azur des cieux et le vert gazon de la terre !

Ce monologue d’enthousiasme fut troublé par un bruit qui retentit dans la salle. La solitude de ce lieu pouvoit laisser place à la crainte. Blanche crut voir un objet qui se glissoit entre les colonnes. Elle observa un moment en silence ; mais honteuse de cette crainte ridicule, elle reprit assez de courage pour demander qui c’étoit. — Ah ! mademoiselle, est-ce vous ? dit la vieille concierge qui venoit fermer les fenêtres. Je suis bien aise que ce soit vous. Le ton dont elle prononça ces paroles, l’émotion vive qu’il indiquoit, surprirent beaucoup la jeune Blanche. — Vous semblez effrayée, Dorothée, lui dit-elle ; qui donc vous fait si peur ?

— Non, non, je ne suis pas effrayée, mademoiselle, répliqua Dorothée en hésitant, et tâchant de paroître calmé. Je suis vieille, et peu de chose me trouble. Blanche sourit. — Je suis bien aise que M. le comte soit venu vivre au château, mademoiselle, continua Dorothée. Il a été désert bien des années. Cela faisoit trembler. À présent le château ressemblera un peu à ce qu’il étoit du temps que ma pauvre dame étoit vivante. Blanche demanda combien il s’étoit passé