Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/70

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les nuages doroit les ailes d’un oiseau de mer, qui voltigeoit dans les plus hautes régions, ou tomboit sur les voiles d’un, vaisseau qui servoit de jouet à l’orage. Blanche observa quelque temps les secousses de ce bâtiment, qui faisoient écumer les vagues, et quand l’éclair fendoit la nue, elle regardoit les cieux, et soupiroit sur le destin des pauvres passagers.

Le soleil à la fin quitta cet hémisphère, et les nuages s’amoncelèrent sur la trace lumineuse qui indiquoit son cours. Le vaisseau se distinguoit à peine. La rapide succession des éclairs qui sillonnoient les vapeurs noires de l’horizon, avertit Blanche de se retirer de la fenêtre ; et l’abbesse, qui avoit épuisé avec la comtesse les lieux communs de la conversation, eût le loisir de la remarquer.

Leur entretien fut bientôt dérangé par les coups répétés du tonnerre, et la cloche sonna pour inviter les religieuses à la prière. Blanche, en passant près d’une fenêtre, jeta un regard à l’horizon, et l’éclat subit d’un éclair, qui pénétra le vaste abîme des flots, lui fit distinguer le vaisseau qu’elle avoit déjà remarqué ; il s’agitoit au milieu d’une mer écumeuse, disparoissoit entre les vagues, et tout-à-coup s’élevoit jusqu’aux nues.