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qu’avoit montrée son père en se trouvant si près de cette demeure. La musique aussi qu’elle avoit entendue, et sur laquelle Voisin lui avoit fait un conte si ridicule, lui revenoit à l’esprit. Curieuse d’en apprendre davantage, elle demanda à Dorothée, si l’on entendoit encore de la musique à minuit, comme autrefois, et si l’on connoissoit le musicien.

— Oui, mademoiselle, répondit Dorothée, on entend toujours cette musique ; mais le musicien n’est pas connu, et, je crois, ne le sera jamais, il y a des gens qui devinent ce que c’est.

— Vraiment, dit Emilie, et pourquoi ne pas poursuivre cette recherche ?

— Ah ! mademoiselle, on a assez cherché ? mais qui peut suivre un esprit ?

Emilie sourit, et se rappelant combien tout récemment elle avoit souffert par la superstition, elle résolut alors d’y résister. Néanmoins, en dépit de ses efforts, elle sentoit une certaine crainte se mêler sur ce point à sa curiosité. Blanche qui jusqu’alors avoit écouté en silence, demanda ce que c’étoit que cette musique, et depuis quand on l’entendoit.

— Toujours depuis la mort de notre chère dame, répondit Dorothée.