Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/107

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viennent, dit négligemment un des hommes. — Deux autres parurent à l’instant, le fusil sur l’épaule, les pistolets à la ceinture. — Eh bien ! enfans, quelle chasse, quelle prise ? dirent-ils en avançant. — Quelle prise ? répliquèrent les autres. Apportez-vous votre souper ? vous n’en aurez point sans cela.

— Ah ! qu’est-ce que le diable vous a amené ? dirent-ils en mauvais espagnol, en montrant le comte et sa suite. Sont-ils de France ou d’Espagne ? Où les avez-vous rencontrés ?

— Ce sont eux qui nous ont rencontrés, dit son compagnon en français, et la rencontre est agréable. Le chevalier et sa compagnie s’étoient égarés de leur chemin ; ils ont demandé à passer la nuit dans ce fort. — Les autres ne répondirent rien ; mais ils tirèrent d’un havresac une grande provision d’oiseaux. Le sac sonna en tombant ; un métal brillant qu’il contenoit frappa le comte ; il surveilla avec plus d’attention l’homme qui le portoit. Il étoit grand et robuste ; sa figure étoit audacieuse ; ses cheveux noirs, coupés fort courts, se boucloient sur son cou ; au lieu d’un habit de chasseur, il étoit revêtu d’un uniforme militaire usé ; ses sandales étoient lacées sur des jambes nerveu-