n’est que douleur. Le riche en a sa part aussi bien que le pauvre. Mais tâchons de supporter le fardeau que le ciel nous envoie.
— Il est donc mort ? interrompit Emilie. Ah ! Valancourt est mort !
— Malheureux jour ! reprit Thérèse. Je crains qu’il ne le soit.
— Vous le craignez, dit Emilie ; vous ne faites que le craindre ?
— Hélas ! oui, mademoiselle, je le crains. Ni l’intendant, ni personne d’Estuvière n’a entendu parler de lui depuis qu’il est parti pour le Languedoc. Le comte en est très-affligé. Il dit qu’il est toujours exact à écrire, et que pourtant il n’a pas reçu une ligne de lui depuis son départ : il devoit être de retour il y a trois semaines ; il n’est point revenu ; il n’a point écrit : on craint qu’il ne lui soit arrivé quelqu’accident. Hélas ! je ne croyois pas vivre assez pour avoir à pleurer sa mort. Je suis vieille ; je pouvois mourir sans me plaindre ; mais lui ! Emilie, presque mourante, demanda de l’eau : Thérèse, alarmée de son accent, courut à son secours ; et pendant qu’elle lui donnoit de l’eau, elle continua : — Ma chère demoiselle, ne prenez pas cela tant à cœur : le chevalier peut être plein de vie et se bien porter. Espérons !