Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/133

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d’un hautbois ou d’une flûte se mêle avec l’ouragan. Sa douceur affecta Emilie ; elle s’arrêta toute attentive : les sons apportés par le vent se perdirent dans un tourbillon plus fort ; mais leur accent plaintif émut son cœur ; et elle fondit en larmes.

Ah ! dit Thérèse en séchant ses yeux, c’est Richard, le fils du voisin, qui joue de son hautbois : il est triste d’entendre à présent une musique aussi douce. Emilie continuoit de pleurer. — Il en joue souvent le soir, continua Thérèse ; et la jeunesse danse au son de son hautbois. Mais, ma chère demoiselle, ne pleurez pas ainsi ; prenez, je vous prie, une goutte de ce vin, Elle en versa, et le présenta à Emilie, qui l’accepta avec une extrême répugnance.

Goûtez-y pour l’amour de M. Valancourt, dit Thérèse pendant qu’Emilie soulevoit le verre ; c’est lui qui me l’a donné, vous le savez, mademoiselle. La main d’Emilie trembla ; et elle renversa le vin en le retirant de ses lèvres. — Pour l’amour de qui ? lui dit-elle qui vous a donné ce vin ? — M. Valancourt, ma chère dame, je savois qu’il vous feroit plaisir : c’est mon dernier flacon.

Emilie pesa le vin sur la table, fondit de nouveau en larmes, et Thérèse, déconcer-