Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

disputaient au fond de son cœur. Elle se leva, le remercia du secours qu’il lui avoit donné, dit adieu à Thérèse, et alloit se retirer. Valancourt éveillé comme d’un songe, la supplia d’une voix humble et touchante, de lui donner un moment d’attention. Le cœur d’Emilie plaidoit bien fortement en sa faveur : elle eut le courage d’y résister, ainsi qu’aux cris et aux instances de Thérèse, qui la prioit de ne point s’exposer la nuit, et seule. Elle avoit ouvert la petite porte ; mais l’orage l’obligea de rentrer.

Muette, interdite, elle retourna auprès du feu. Valancourt, plus troublé, traversoit la chambre à grands pas, comme s’il eût craint et désiré de parler. Thérèse exprimoit sans contrainte la joie et la surprise que lui causoit son arrivée.

— Ô mon cher monsieur ! disoit-elle, je ne fus jamais si étonnée et si contente ! Nous étions toutes les deux dans l’affliction à votre sujet ; nous pensions que vous étiez mort, nous parlions de vous, nous vous pleurions. Justement vous avez frappé : ma jeune maîtresse pleuroit à fendre le cœur.

Emilie regarda Thérèse avec mécontentement. Mais avant qu’elle pût lui parler, Valancourt, incapable de contenir son émotion, s’écria : Mon Emilie ! vous suis-je