Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/135

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mieux qu’on ne peut la décrire ! Qu’on imagine de même tout ce qu’éprouva Emilie, quand, en ouvrant les yeux, elle revit Valancourt ! L’expression inquiète avec laquelle il la considérait, se changea à l’instant en un mélange de joie et de tendresse. Quand ses yeux rencontrèrent les siens, et qu’il la vit prête à renaître, il ne put que s’écrier : Emilie ! Mais elle détourna ses regards, et fit un foible effort pour retirer sa main. Dans le premier moment qui succéda aux angoisses de douleur que l’idée de sa mort lui causoit, Emilie oublia toutes les fautes de son amant. Elle revit Valancourt tel qu’au moment où il méritoit son amour, et ne sentit que sa joie et sa tendresse. Hélas ! ce fut l’éclair d’un instant ! ses réflexions s’élevèrent comme autant de nuages, et obscurcirent l’image trompeuse qui enivroit son cœur. Elle revit Valancourt dégradé, Valancourt indigne de l’estime et de la tendresse qu’elle avoit eues pour lui. La force lui manqua ; elle retira sa main, et se détourna pour cacher sa douleur. Valancourt, plus embarrassé, plus agité, garda le silence.

Le sentiment de ce qu’elle se devoit retint ses larmes, et lui apprit à dissimuler une partie de sa joie et de sa tristesse, qui