Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/147

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pouvoit s’y refuser. Elle eût désiré de ne point quitter les ombrages paisibles de sa demeure ; mais elle sentoit l’inconvenance d’y rester seule, pendant que Valancourt étoit encore dans le voisinage ; quelquefois aussi elle pensoit que le déplacement et la société réussiroient mieux que la retraite à tranquilliser son esprit.

Quand Ludovico reparut, elle le pria de lui détailler son aventure, et de lui dire comment il habitoit au milieu des bandits parmi lesquels le comte l’avoit trouvé.

Il obéit au même instant. Annette, qui n’avoit pas eu le temps de lui faire assez de questions, se préparoit à écouter avec une curiosité dévorante. Elle fit auparavant ressouvenir sa maîtresse, et de l’incrédulité qu’elle montroit à Udolphe au sujet des esprits, et de sa propre sagesse en y croyant si fort. Emilie rougit malgré elle, en songeant à la confiance que dernièrement elle y avoit donnée ; elle observa seulement que, si l’aventure de Ludovico avoit pu justifier la superstition d’Annette, il ne seroit pas là pour la lui raconter.

Ludovico sourit à Annette, salua Emilie, et commença en ces termes :

— Vous vous souvenez, mademoiselle, que lorsque je me rendis à l’appartement du