Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/157

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voyez, mademoiselle, que je ne me trompois pas.

— On ne peut nier que son esprit n’y eût une extrême influence, dit Emilie, en souriant ; mais je m’étonne, Ludovico, que ces pirates persistassent dans leur conduite, après l’arrivée de M. le comte, ils étoient bien sûrs d’être découverts.

— J’ai lieu de croire, mademoiselle, reprit Ludovico, qu’ils ne comptoient continuer que pendant le temps nécessaire au déménagement de leurs trésors. Il paroît qu’ils s’en occupèrent aussitôt après l’arrivée de M. le comte : mais ils n’avoient que quelques heures de nuit, et quand ils m’ont enlevé, la voûte étoit à moitié vide. Ils étoient bien aises d’ailleurs de confirmer toutes ces superstitions relatives à l’appartement ; ils eurent grand soin de ne rien déranger pour entretenir l’erreur. Souvent, en plaisantant, ils se représentent toute la consternation des habitans du château de Blangy à ma disparition. Ce fut pour m’empêcher de les trahir, qu’ils m’entraînèrent si loin. À compter de ce moment, ils se crurent maîtres du château. J’appris néanmoins qu’une nuit, malgré leurs précautions, ils s’étoient presque découverts eux-mêmes. Ils alloient, suivant leur usage,