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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/170

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vous êtes toujours jeune, vous êtes toujours belle ! belle comme au temps où vous me contraignîtes à ce crime affreux : oh ! si je pouvois l’oublier ! Mais à quoi cela serviroit-il ? Je l’ai commis.

Emilie, fort émue, vouloit se retirer. L’abbesse lui prit la main, l’encouragea, et la pria d’attendre que sœur Agnès fût plus tranquille. Elle tâcha elle-même de la calmer ; mais Agnès ne l’écoutoit pas, et, regardant Emilie, elle s’écria : — À quoi servent donc des années de prière et de repentir ! Elles ne sauraient laver la souillure du meurtre ; oui, du meurtre ! Où est-il ? où est-il ? Regardez, regardez là ! il erre dans cette chambre : pourquoi venez-vous m’agiter en ce moment ? reprit Agnès dont les yeux parcouraient l’espace. Ne suis-je donc pas déjà assez punie ? Ah ! ne me regardez pas de cet air sévère ! Ah ciel ! encore ! C’est elle, c’est elle-même ! Pourquoi ces regards de pitié ? pourquoi ce sourire ? Me sourire, à moi ! Quels gémissemens entends-je ?

Sœur Agnès retomba, et parut privée de la vie. Emilie ne pouvant se soutenir, s’appuya sur le lit ; l’abbesse et la religieuse donnèrent des secours à sœur Agnès. Emilie vouloit lui parler. — Paix ! dit l’abbesse.