Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/176

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qu’elles sont passagères ! elles expirent avec leur objet ! Souvenez-vous-en, ma sœur ; les passions sont le germe du vice aussi bien que de la vertu ! tous deux en peuvent sortir, selon qu’on les gouverne. Malheur à ceux qui n’ont jamais appris l’art si nécessaire de les régler !

— Hélas ! bien infortuné, dit l’abbesse, qui connoît mal notre sainte religion ! Emilie écoutoit Agnès dans le silence et le respect : elle regardoit la miniature, et s’assuroit encore de la ressemblance de ce portrait avec celui qu’elle avoit vu à Udolphe. — Cette figure ne m’est pas inconnue, dit-elle, pour faire expliquer la religieuse, sans d’abord lui parler trop brusquement d’Udolphe.

— Vous vous trompez, lui dit Agnès, et vous ne l’avez sûrement jamais vue.

— Non, reprit Emilie ; mais j’ai vu sa ressemblance parfaite. — Impossible, s’écria sœur Agnès, qu’on peut maintenant appeler la signora Laurentini.

— C’étoit dans le château d’Udolphe, continua Emilie, en la regardant fixement.

— D’Udolphe, s’écria Laurentini, d’Udolphe en Italie ? — Précisément, dit Emilie.

— Vous me connoissez alors, lui dit Laurentini, et vous êtes fille de la marquise.