Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/189

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conduite qu’avoit tenue son ami dans la capitale, le convainquirent que Valancourt avoit cédé aux artifices de jeunes libertins, plutôt par la nécessité de se trouver avec ses camarades, que par aucune inclination au vice. Charmé de l’humanité, de la noblesse, de la générosité, quoique téméraire, que montroit son procédé envers M. de Bonnac, il oublia des erreurs passagères, et reprit pour lui l’estime qu’une première connoissance lui avoit inspirée. La moindre des réparations qu’il eût à faire à Valancourt, étoit de lui donner l’occasion de s’expliquer avec Emilie. Il lui écrivit aussitôt, le pria de lui pardonner une offense bien involontaire, et l’invita à se rendre au château de Blangy. La délicatesse du comte l’empêcha d’informer Emilie de sa lettre : son amitié d’ailleurs vouloit lui épargner les inquiétudes de l’événement ; et il garda aussi le secret de sa découverte. Cette précaution préserva Emilie d’une angoisse plus terrible que le comte même ne l’avoit pensé, parce qu’il ignoroit les symptômes de désespoir qu’avoit montrés Valancourt.