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alla au château d’Udolphe ; le marquis l’y suivit. Là, moins réservée, moins prudente peut-être qu’elle n’avoit été jusqu’alors, elle donna lieu à son amant de former quelques doutes sur la convenance des nœuds qu’il étoit prêt à serrer. Une information plus exacte le convainquit de son erreur ; et celle qui devoit être sa femme, ne devint que sa maîtresse.

Après avoir passé quelques semaines à Udolphe, il fut tout à coup rappelé en France. Il partit avec répugnance, le cœur rempli de la signora, avec laquelle pourtant il avoit su différer de conclure son mariage. Pour l’aider à soutenir une telle séparation, il lui donna sa parole de revenir célébrer ses noces aussitôt que ses affaires lui en laisseroient la liberté.

Consolée par cette assurance, Laurentini le laissa partir. Bientôt après, Montoni, son parent, vint à Udolphe, et renouvela des propositions que déjà elle avoit rejetées, et qu’elle rejeta encore. Ses pensées se tournoient toutes vers le marquis de Villeroy. Elle éprouvoit pour lui tout le délire d’un amour italien, fomenté par la solitude dans laquelle elle s’étoit confinée. Elle avoit perdu le goût des plaisirs et de la société ; son unique jouissance étoit de