porte momentanément ouverte, lui avoient inspiré des doutes : mais les soupçons qu’elle formoit sur Montoni les avoient surmontés ; et la crainte de sa vengeance avoit empêché que jamais elle osât révéler ce qu’elle avoit découvert.
En apprenant que la marquise de Villeroy étoit la sœur de M. Saint-Aubert, Emilie se sentit très-diversement affectée. Au milieu de la tristesse que lui causoit la mort prématurée de cette infortunée, elle se vit soulagée des conjectures pénibles où l’avoit jetée la téméraire assertion de Laurentini sur sa naissance et sur l’honneur de ses parens. Sa confiance dans les principes de Saint-Aubert ne lui permettoit guère d’imaginer qu’il eût manqué à la délicatesse. Elle répugnoit à se croire fille d’une autre que de celle qu’elle avoit toujours aimée, respectée comme sa mère ; elle l’auroit cru difficilement : mais sa ressemblance avec la feue marquise, la conduite de Dorothée, les assertions de Laurentini, le mystérieux attachement de Saint-Aubert, lui avoient inspiré des doutes que sa raison ne pouvoit ni détruire ni confirmer ; elle s’en trouvoit délivrée, et la conduite de son père s’expliquoit. Son cœur n’étoit plus oppressé que par le malheur d’une parente aimable, et