Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/215

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comte ne douta plus qu’il ne dût mener la vie d’un homme honnête et sage ; et lui confia désormais, sans scrupule, le bonheur d’Emilie, qu’il aimoit comme sa fille. Il rendit compte en deux mots, à celle-ci, de l’entretien qu’ils avoient eu. Emilie avoit déjà appris tout ce que Valancourt avoit fait pour M. de Bonnac, et des larmes de plaisir avoient coulé de ses yeux. La conversation du comte de Villefort acheva de dissiper ses doutes, et elle rendit sans crainte son estime et ses sentimens à celui qui d’abord avoit su les lui inspirer.

La comtesse et la jeune Blanche accueillirent Valancourt avec politesse et amitié. Blanche étoit si heureuse du bonheur d’Emilie, qu’elle oublia pour un moment l’absence de M. de Sainte-Foix ; on l’attendoit ce même jour, et la généreuse sensibilité de Blanche fut bientôt récompensée par l’arrivée de son amant. Il étoit guéri des blessures qu’il avoit reçues dans la périlleuse aventure des montagnes ; le récit qu’on en fit augmenta le sentiment des jouissances présentes ; on se félicita de nouveau, et ce charmant souper offrit sur tous les visages l’expression d’une joie égale. Chacun cependant gardoit son caractère et goûtoit diversement son bonheur. Blanche étoit franche