eût été coupable. Ses regards, sa voix, ses manières étoient le gage de sa noble et constante sincérité. Emilie se livra sans réserve aux émotions d’une joie que jamais elle n’avoit ressentie.
Ni Emilie ni Valancourt ne surent comment ils étoient retournés au château : si un pouvoir magique les y eût transportés, peut-être ils en eussent mieux remarqué le mouvement ; ils étoient dans le vestibule avant de songer s’il existoit quelqu’autre personne dans le monde. Le comte vint au-devant d’eux, et avec toute la franchise et la bienveillance de son caractère, il accueillit Valancourt, et le pria de lui pardonner son injustice. Bientôt M. de Bonnac joignit ce groupe heureux, et Valancourt et lui se retrouvèrent avec une satisfaction mutuelle.
Après les premières félicitations, et quand la joie fut devenue plus calme, le comte appela Valancourt, et leur conférence fut très-longue. Le dernier se justifia clairement des crimes qu’on lui imputoit. Il avoua si ingénument ses torts, il en témoigna tant de regret, que le comte en conçut les plus heureuses espérances. Valancourt étoit doué des plus grandes qualités ; l’expérience lui avoit appris à détester toutes les folies qui n’avoient fait que l’amuser un moment. Le