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CHAPITRE XIII.

Les mariages de Blanche et d’Emilie Saint-Aubert furent célébrés le même jour, au château de Blangy, avec toute la magnificence du temps. Les fêtes furent splendides : on avoit tendu la grande salle d’une tapisserie neuve, qui représentoit Charlemagne et ses douze pairs ; on voyoit les fiers Sarrazins qui s’avançoient à la bataille ; on voyoit tous les enchantemens et le pouvoir magique de Merlin. Les somptueuses bannières de Villeroy, ensevelies long-temps dans la poussière, furent de nouveau déployées, et flottèrent sur les pointes gothiques des fenêtres coloriées. La musique résonnoit de toutes parts, et les échos de la galerie en retentissoient.

Annette regardoit cette salle, dont les arcades et les fenêtres étoient illuminées et décorées de lustres en festons ; elle considéroit la magnificence des parures, les riches livrées des serviteurs, les meubles de velours enrichis d’or ; elle écoutoit les chants de plaisir qui ébranloient la voûte, elle se croyoit dans un palais de fées ; elle assuroit que dans les plus beaux contes, elle n’avoit rien vu