Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/24

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elle alla aussitôt chercher le comte, et l’instruire de son intention.

Ma chère Emilie, lui dit-il, je vois avec un pénible intérêt l’encouragement que vous donnez aux illusions ; illusions trop communes aux cœurs jeunes et sensibles : le vôtre a reçu un coup violent ; vous croyez n’en jamais guérir. Vous cherchez à nourrir cette idée : l’habitude de la tristesse subjuguera la force de votre esprit, et vous préparera pour l’avenir d’inutiles regrets. Dissipez votre illusion ; éveillez-vous au sentiment de ce danger.

Emilie sourit tristement. — Je sais ce que vous voulez dire, monsieur, répliqua-t-elle, je suis préparée à vous répondre. Je sens que mon cœur n’éprouvera jamais un second attachement, et je perds l’espérance de retrouver même le calme et la tranquillité, si je me laisse entraîner à de nouveaux nœuds.

— Je sais bien que vous sentez cela, dit le comte ; mais je sais aussi que le temps affaiblira ce sentiment, à moins que vous ne le nourrissiez par la solitude et l’imagination ; le temps, en ce cas, peut en faire une habitude. Je suis à même de vous parler sur ce sujet, et de compatir à vos douleurs, dit le comte d’un air pénétré : j’ai su ce que