c’étoit que d’aimer, et de pleurer l’objet de son amour. Oui, continua-t-il, les yeux remplis de larmes, j’ai souffert. Mais ces temps sont passés, depuis long-temps ils sont passés, et je ne puis me les rappeler aujourd’hui sans émotion.
— Mon cher monsieur, dit Emilie avec timidité, que veulent dire ces larmes ? elles parlent, ce me semble, un tout autre langage ; elles plaident pour moi.
— Ce sont des larmes de faiblesse, puisqu’elles sont inutiles, répliqua le comte en les essuyant ; je voudrais vous voir supérieure à cette foiblesse. Ces larmes sont les vestiges d’une douleur que de longs et continuels efforts ont empêché de m’ôter la raison. Jugez si je dois vous prémunir contre les terribles effets d’un penchant qui, lorsqu’on s’y livre, influe sur toute la vie, et porte un nuage jusque sur des années qui auroient pu être heureuses ! M. Dupont est un homme aimable et sensible ; depuis long-temps il vous adore : sa famille, sa fortune, ne sont susceptibles d’aucunes objections. Après ce que je vous ai dit, il est superflu d’ajouter combien je me réjouirois de vous savoir heureuse, et combien je crois M. Dupont capable d’accomplir sur ce point tous mes vœux. Ne pleurez pas, mon Emi-