Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

osé passer la nuit dans l’appartement même d’où Ludovico avoit disparu. Emilie ne considéroit pas avec quelle rapidité circule une histoire merveilleuse. Les religieuses avoient recueilli celle-ci des paysans qui apportaient du fruit au monastère, et leurs regards, depuis la disparition de Ludovico, étoient restés fixés sur le château de Blangy.

Emilie écoutoit en silence toutes les dissertations des nonnes sur la conduite du comte. La plupart la condamnoient comme téméraire et présomptueuse. Elles affirmoient que s’introduire sur le domaine du diable, c’étoit provoquer sa vengeance.

Sœur Françoise disputoit et soutenoit que le comte avoit montré toute la bravoure d’une âme grande et vertueuse. Il n’étoit souillé d’aucun crime, n’avoit point provoqué le courroux de son bon ange, et ne pouvoit redouter l’esprit malin, puisqu’il avoit des droits à la protection d’une puissance plus respectable, à la protection de celui qui commande aux méchans et protége l’innocence.

— Les coupables ne peuvent réclamer cette protection, dit sœur Agnès. Que le comte examine sa conduite, et qu’il juge s’il y a des droits ! Qui est-il donc celui qui