Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/41

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pondre en plaisantant aux pressantes questions de mademoiselle Béarn, on voyoit bien que sa gaîté n’étoit pas naturelle.

Dans la soirée, le comte, suivant sa promesse, alla voir Emilie : elle fut surprise de trouver dans ses discours sur les appartement du nord un mélange de raillerie et de discrétion. Il ne dit rien pourtant de ce qui lui étoit arrivé. Quand elle osa lui rappeler ses engagemens sur le résultat de l’aventure, et lui demander s’il demeuroit certain que l’appartement fût fréquenté par des esprits, il devint plus sérieux ; puis sembla se recueillir, et dit en souriant : Ma chère Emilie, ne souffrez pas que madame l’abbesse gâte votre jugement avec toutes ces idées. Elle pourrait vous apprendre à trouver un revenant dans toutes les chambres obscures. — Mais croyez-moi, ajouta-t-il avec un long soupir, les morts n’apparoissent pas pour des sujets frivoles, ni dans l’unique motif d’épouvanter les âmes timides. Il se tut, rêva quelques momens, et ajouta : Ne partons plus de cela.

Il se retira bientôt après, Emilie rejoignit les religieuses, et fut surprise de ce qu’elles savoient d’une circonstance qu’elle leur avoit très-soigneusement cachée. Elles admiroient l’intrépidité du comte qui avoit