en eut sa récompense, et éprouva de nouveau qu’une occupation continuelle est le plus sûr remède contre la tristesse.
Toute cette journée fut consacrée à ses affaires ; elle s’informa soigneusement des pauvres habitans de son domaine, et pourvut à leur soulagement.
Sur le soir, elle se crut tellement fortifiée, qu’elle crut pouvoir visiter les jardins qu’elle avoit si souvent parcourus avec Valancourt ; elle sentoit qu’en tardant de le faire, elle en seroit toujours plus émue. Elle profita de sa disposition actuelle, et y entra.
Elle passa fort vite la porte de la cour, et avança dans l’avenue, osant à peine permettre à sa mémoire de s’appesantir un moment sur les détails de sa séparation. Elle en sortit promptement, pour passer à d’autres allées moins intéressantes pour son cœur. Elle se trouvoit à l’escalier, qui conduisoit du jardin à la terrasse ; son agitation augmenta : elle hésita si elle monteroit ; la résolution revint, elle monta.
— Ah ! disoit-elle, voilà ces mêmes arbres qui ombrageoient la terrasse ; voilà les mêmes buissons de fleurs, le lilas, le rosier, le jasmin qui croissoient à leurs pieds. Voilà ce banc de gazon et les plantes que Valan-