Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/61

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court soignoit si bien ; hélas ! quand je les ai vues la dernière fois !… — Elle retint sa pensée, mais elle ne put retenir ses larmes. Elle se promena lentement pendant quelques minutes ; mais un théâtre si bien connu augmenta si fort son agitation, qu’elle fut obligée de s’arrêter et de s’appuyer sur le mur du jardin. La soirée étoit belle et tempérée. Le soleil se couchoit à l’extrémité d’une immense perspective. Ses rayons, dardant de dessous un nuage épais qui couvroit l’occident, varioient les riches teintes de la nature et doroient le sommet des bosquets inférieurs. Emilie et Valancourt avoient souvent admiré de pareils effets à la même heure. C’étoit à cette même place que la nuit qui avoit précédé son départ, elle avoit écouté ses remontrances, ses prières et ses offres passionnées. Quelques observations qu’elle fit sur le paysage, lui retracèrent le moment et à la fois tous les détails de la conversation. Elle se rappela les doutes de Valancourt au sujet de Montoni, doutes trop cruellement confirmés. Elle se rappela ses raisonnemens, ses instances pour la faire consentir à se marier sur-le-champ avec lui. Son amour si tendre, sa douleur si sincère, la conviction qu’il paroissoit avoir que jamais ils ne seroient