Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/67

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se persuader qu’elle désiroit que ce ne fût pas Valancourt, et son cœur avec autant de constance contredisoit sur ce point sa raison.

Le jour suivant fut consacré aux visites de quelques familles, jadis liées intimement avec madame Montoni. Elles vinrent complimenter Emilie sur la mort de sa tante, la féliciter de son héritage, et s’informer de Montoni, ainsi que de la situation où elle-même s’étoit trouvée. Tout se passa avec politesse et cérémonie.

Emilie, fatiguée de tant de formalités, voyoit avec dégoût l’humilité de quelques personnes qui l’avoient à peine crue digne de leur attention, lorsqu’on la voyoit dans la dépendance de madame Montoni.

Sûrement, se disoit-elle, il est quelque magie dans la fortune, qui fait courir à sa suite les personnes même qui ne la partagent pas ! Combien il est étranger qu’un sot ou un fripon soient traités, moyennant leurs richesses, avec plus d’égards qu’un homme de bien, qu’un sage, réduit à la pauvreté !

Il étoit tard avant qu’on l’eût laissée seule : elle désiroit de se rafraîchir en respirant l’air du jardin ; mais elle craignoit de s’y hasarder, et de revoir la personne