Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon cher maître ; je ne l’aurois guère aimée ; elle étoit si quinteuse ! Mais comment se porte à présent ce cher jeune seigneur, M. de Valancourt ? Il est si bien fait, il est si bon ! Est-il bien portant, mademoiselle ?

Emilie fut très-agitée.

— Dieu le comble de ses bénédictions, continua Thérèse. Ah ! ma chère demoiselle, n’ayez pas l’air si réservé. Pensez-vous que j’ignore qu’il vous aime ? Quand vous fûtes partie, mademoiselle, il venoit au château, il s’y promenoit, il avoit tant de chagrin ! Il vouloit entrer dans toutes les chambres ; quelquefois il restoit assis les bras croisés, les yeux fixés en terre, et il rêvoit pendant des heures entières. Il aimoit le cabinet du midi, parce que je lui dis que c’étoit le vôtre. Il vouloit y rester ; il regardoit les dessins que vous aviez faits, jouoit sur votre luth, lisoit dans vos livres, et ce n’étoit qu’à la nuit fermée qu’il s’en retournoit chez son frère, et alors…

— C’est assez Thérèse, dit Emilie. Depuis quel temps êtes-vous dans cette chaumière ? Quel service puis-je vous rendre ? Aimez-vous mieux rester ici, ou demeurer avec moi ?

— Oh ! mademoiselle, dit Thérèse, ne mettez pas tant de réserve avec votre pauvre