Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

der. M. Quesnel refusoit de le faire, et me disoit d’aller servir. Hélas ! j’étois trop vieille. Le chevalier vint me trouver ; il m’acheta cette chaumière, me donna de l’argent pour y entrer, et me dit de chercher une autre pauvre femme pour y vivre avec moi. Il commanda à l’intendant de son frère de me payer tous les quartiers de quoi fournir à mes besoins. Pensez-vous, mademoiselle, que je doive bien parler du chevalier ? Eût-on pu faire mieux qu’il ne fit ! Je crains seulement que sa générosité n’ait excédé ses moyens ; le dernier quartier est échu, et je n’ai rien touché. Mais ne pleurez pas, mademoiselle ; vous n’êtes sûrement pas fâchée d’entendre le récit des bienfaits du chevalier ?

— Fâchée ! dit Emilie ; et ses pleurs coulèrent davantage. Combien s’est-il passé de temps depuis que vous l’avez vu ?

— Il y a long-temps, mademoiselle.

— Et depuis quand en avez-vous eu des nouvelles ? dit Emilie avec plus d’émotion.

— Hélas ! aucune, depuis qu’il partit si soudainement pour le Languedoc ; il arrivoit de Paris, autrement je l’aurois vu ; cela est sûr. Le quartier est échu, comme je le disois, et rien n’est venu. Je com-