mence à craindre qu’il ne lui soit arrivé quelqu’accident. Si je n’étois pas si loin d’Estuvière, si je marchois mieux, j’y aurois déjà été pour m’informer de lui ; je n’ai personne à envoyer.
L’anxiété d’Emilie au sujet de Valancourt étoit devenue insupportable : elle ne pouvoit convenablement envoyer chez son frère ; mais elle pria Thérèse de faire partir promptement, comme de sa part seulement, un messager pour l’intendant, et de faire des questions sur le sort du chevalier. Emilie se fit d’abord promettre par Thérèse qu’elle ne la nommeroit jamais en cette affaire, et n’en parlerait pas même au chevalier Valancourt. La fidélité de cette fille, à l’égard de Saint-Aubert, fondoit en ce moment la confiance d’Emilie. Thérèse se hâta de trouver un messager ; Emilie lui remit l’argent dont elle avoit besoin pour vivre avec aisance, et retourna chez elle le cœur plus navré que jamais : elle s’affligeoit de ce qu’une âme aussi bienfaisante que celle de Valancourt, étoit souillée des vices du monde, et elle se sentoit pénétrée du sentiment délicat dont sa bonté pour sa vieille servante étoit une preuve si touchante.