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chasseurs ou de bergers, près desquelles ils avoient à passer. Ce dernier point n’exigeoit pas une grande mémoire, car à peine comptait-on quelques habitations éparses dans ces effroyables déserts.

Le comte quitta Sainte-Foix de bonne heure, dans le dessein de passer la nuit à une petite hôtellerie qui se trouvoit à moitié chemin de la Vallée, et dont les guides lui avoient parlé. C’était le lieu de repos des muletiers espagnols, quand ils alloient en France. Elle présentait peu de ressources, mais elle étoit la seule, et l’on n’avoit pas de choix.

Après une journée d’admiration et de fatigues, les voyageurs, vers le soleil couchant, se trouvèrent dans un vallon couvert de bois, et entouré de hauteurs inaccessibles. Ils avoient fait plusieurs lieues sans rencontrer une seule habitation, et de temps à autre seulement ils avoient entendu le son des clochettes de quelque troupeau. Ils entendirent alors une musique fort gaie, et virent sur le gazon, au milieu des rochers, un groupe de montagnards qui dansoient. Le comte qui ne pouvoit voir, sans les partager, ni la joie ni le chagrin de ses semblables, fit arrêter pour jouir de cette fête champêtre. La réunion dont il étoit