Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/88

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che, dont la frayeur se dissipoit à la voix de son amant, cédoit facilement à un goût qui se rapportoit au sien. Ils conversoient à voix basse ; et cette manière tenoit plutôt à la disposition d’esprit qu’inspiroit la scène, qu’à la crainte d’être entendus. Le cœur livré à sa tendresse, Sainte-Foix en mêloit souvent l’expression à celle de l’admiration des objets extérieurs. Il parloit, Blanche écoutoit ; peu à peu les montagnes, les bois, les magiques illusions du crépuscule cessèrent de faire le sujet de leur entretien.

La nuit devenoit plus noire ; des nuages épais en redoubloient l’obscurité ; les guides proposèrent d’attendre le lever de la lune, et ajoutèrent ; qu’on alloit essayer un orage. En regardant autour d’eux pour trouver un abri, ils aperçurent, à travers, le brouillard, un objet sur la pointe d’un roc ; on ne douta pas que ce ne fût la hutte d’un chasseur, et toute la société en prit le chemin. La peine qu’on se donna fut mal récompensée, et les craintes, ne diminuèrent pas, quand, arrivés à l’objet de leurs recherches, les voyageurs ne découvrirent ; qu’une croix plantée comme monument, et faite pour attester que ce lieu avoit été souillé d’un meurtre.