Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/87

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nuit qui s’éveilloit dans les rochers. Son enthousiasme fit place à la crainte, quand au sein des ténèbres épaisses, elle mesura l’incertaine profondeur du précipice qui bordoit la route, et les formes variées sous lesquelles, de toutes parts, le danger se présentoit. Elle demanda a son père à quelle distance on étoit de l’hôtellerie, et si la route étoit sûre aussi tard. Le comte répéta aux guides la première des deux questions. Leur réponse fut très-ambiguë ; et même ils ajoutèrent que si la nuit devenoit plus noire, il vaudroit mieux faire une halte, et attendre le lever de la lune. Mais est-il bien sûr de marcher à présent ? dit le comte. Les guides l’assurèrent qu’on ne couroit aucun risque, et la caravane avança. Blanche, remise par cette réponse, retrouva du plaisir à observer le progrès de la nuit, à sentir la fraîcheur de la rosée, et à respirer le parfum des plantes aromatiques qu’elle fouloit en marchant.

Le jeune Sainte-Foix, dont l’imagination, exempte de crainte, ne voyoit dans tout ce qui l’entouroit que des sujets d’admiration, interrompoit quelquefois le silence que toute la société sembloit garder de concert ; il remarquoit et faisoit observer à Blanche les effets les plus frappans. Blan-