Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/91

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Arrivés à un tertre où une forêt de mélèses et quelques rochers creux formoient une espèce d’abri, les voyageurs résolurent de s’y arrêter pour attendre le lever de la lune, ou la fin de la tempête. Les guides ne savoient plus à quelle distance on étoit de l’auberge. Blanche, rappelée au sentiment de sa situation, jeta sur les ténèbres un regard de terreur ; mais donnant la main à Sainte-Foix, elle descendit et entra dans une espèce de caverne que formoit la courbure des roches les plus avancées. On battis une pierre, on alluma du feu, et la chaleur, autant que la flamme, fut agréable aux voyageurs. La journée avoit été chaude, mais la nuit étoit très-froide sur les montagnes, et le feu, d’ailleurs, étoit fort nécessaire pour écarter les loups dont ces déserts étoient infestés.

On mit des provisions sur une saillie du roc, dont on fit un buffet. Le comte et sa famille y prirent un souper frugal, que dans un lieu moins sauvage on eût sans doute trouvé moins excellent. Après le repas, Sainte-Foix, impatient de voir lever la lune, s’aventura le long du précipice, jusqu’à une pointe qui faisoit face à l’orient. Tout étoit couvert de ténèbres, et rien ne troublait alors le silence de la nuit,