Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/92

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que le murmure des bois qui s’agitoient dans la vallée, le retentissement éloigné du tonnerre, et les voix de la caravane.

Sainte-Foix observa le tableau que formoient les voyageurs sous la roche. La taille élégante de Blanche contrastoit avec la majesté du comte, assis près d’elle sur une pierre grossière. Les grotesques habits, les figures caractérisées des guides et des domestiques placés dans l’enfoncement, servoient encore à les faire ressortir. L’effet de la lumière étoit aussi fort remarquable ; elle pâlissoit les figures, et faisoit briller les armes ; elle rougissoit, au contraire, le feuillage d’un mélèze gigantesque qui ombrageoit la roche, et cette teinte se confondoit par degrés avec l’obscurité environnante.

La lune se levoit ; et pendant que Sainte-Foix, en extase, contemploit son disque sortant d’entre les nuages, il fut tiré de sa rêverie par les voix des guides qui l’appeloient. Son nom fut répété de rochers en rochers, et l’on eût dit que cent personnes le prononçoient à la fois. Il revint, et sa présence rassura le comte et Blanche. L’orage qui approchoit, les retint à leur asyle. Le comte, placé entre sa fille et Sainte-Foix, tâchoit de distraire la première, en l’entretenant des singularités de ces monta-